
Et, surtout, si on arrêtait d'avoir honte d'avoir peur ? Je fais partie de ces gens qui n'arrivent pas à retourner boire un verre en terrasse ni même déposer des fleurs sur les lieux des attentats. Ce n'est pas faute d'entendre qu'il faut continuer de vivre, continuer de faire la fête, continuer de faire l'amour. Outre le fait d'être différent, il y a la honte. Honte d'être atteinte, comme beaucoup, de stress post-traumatique alors que je n'ai pas été touchée directement par les attaques. Honte et fatiguée, en plus de la tristesse, de me voir mourir dès que je mets un pieds dehors. D'entendre des sirènes alors qu'il n'y en a pas. Il parait que ces visions morbides touchent une partie de la population depuis vendredi dernier, qu'il faut consulter. Hier, après quelques larmes, j'ai réussi à mettre des mots sur l'autre douleur, celle qui en rajoute une couche : "Je me sens conne d'être mal alors que je n'ai rien eu et perdu personne". La culpabilisation en plus de la douleur. Et si on prenait son temps pour panser les blessures, au lieu de s'auto-rajouter une pression supplémentaire, personnelle mais aussi sociale (car oui, elle existe) ?
A se rentrer dans le crâne : c'est NORMAL d'aller mal et de souhaiter rester cloitrer chez soi, comme c'est NORMAL pour d'autres d'aller au resto et rire ces derniers jours. La douleur et le chagrin n'ont jamais été objectifs. Comme le fait d'être effondré à cause de Paris et moins à cause de Beyrouth. C'est humain, c'est personnel mais on en est pas moins des êtres sensibles. Dans le journalisme, on appelle ça les "lois de proximité" : on est plus touché par un drame survenu à deux pas de chez soi, même s'il n'a fait que quelques victimes, que par un charnier à l'autre bout du monde ; on est plus touché par un drame qui touche une personne de son milieu social ou professionnel, de sa religion, de son origine et de son âge aussi. Être triste de la mort de Diesel, le chien de la police ? C'est légitime, tout comme le fait de ne pas y être sensible.
A se rentrer dans le crâne : c'est NORMAL d'aller mal et de souhaiter rester cloitrer chez soi, comme c'est NORMAL pour d'autres d'aller au resto et rire ces derniers jours. La douleur et le chagrin n'ont jamais été objectifs. Comme le fait d'être effondré à cause de Paris et moins à cause de Beyrouth. C'est humain, c'est personnel mais on en est pas moins des êtres sensibles. Dans le journalisme, on appelle ça les "lois de proximité" : on est plus touché par un drame survenu à deux pas de chez soi, même s'il n'a fait que quelques victimes, que par un charnier à l'autre bout du monde ; on est plus touché par un drame qui touche une personne de son milieu social ou professionnel, de sa religion, de son origine et de son âge aussi. Être triste de la mort de Diesel, le chien de la police ? C'est légitime, tout comme le fait de ne pas y être sensible.
Le chagrin universel ? IL N'EXISTE PAS, tout comme les surhommes. Alors pleurez, buvez, dansez ou priez, sans plus culpabiliser, du moment que ça vous fait du bien. Moi, je vais essayer.