J'ai emporté avec moi cinq romans aux Canaries cet été dont Karoo de Steve Tesich. Je l'avais repéré en faisant un tour à la Fnac (sûrement grâce à sa couverture dorée) mais ce sont finalement mes super copains Clio et Antoine qui me l'ont offert pour mon anniversaire. J'ai entamé sa lecture sans vraiment savoir à quoi m'attendre, à part l'histoire d'un homme désespéré qui trouve enfin une raison de vivre selon la 4e de couverture.

Karoo est bien plus complexe que ça (et difficile à résumer) à vrai dire, plein d'humour noir et d'ironie, avec en guise de personnage principal un anti-héros désabusé de tout : de l'amour, de l'industrie du cinéma pour laquelle il travaille, de l'alcool même, et du rêve américain tout court. Saul Karoo retouche les scénarios et les films pour en faire des succès hollywoodiens. Il gagne beaucoup d'argent, fréquente les lieux et les personnalités les plus prestigieux mais n'a plus goût à la vie. Son mariage avec Dianah est un échec, il est en surpoids, n'a plus de sécurité sociale et les cocktails qu'il ingurgite ne parviennent plus à l'enivrer. Pire encore : il n'arrive pas à ressentir d'amour pour Billy, son fils adoptif. Un handicapé émotionnel, en somme. Jusqu'à l'apparition de Leila, jeune femme un peu perchée qui lui fait voir la vie en rose de nouveau. Mais le drame n'est jamais loin malgré les répits, à la manière d'une tragédie grecque...
Si je me souviens avoir dit à mon copain que "j'étais à la 100e page et que je ne voyais pas où ça voulait en venir", j'ai changé d'avis en dévorant la suite du livre, toujours aussi sarcastique mais hyper-attachante une fois le personnage de Saul présenté et cerné. Ce roman aborde tout plein de thèmes riches et variés : la question de la filiation, l'éphémère de l'existence, l'industrie de l'impudeur ou encore la notion de destin. Pour vous donner un exemple, j'ai trouvé très intéressant qu'il défende le fait qu'un individu puisse agir contre la morale parce qu'il n'a en principe qu'une seule vie. D'accord ou pas d'accord, c'est un bon thème pour débattre durant les longues soirées d'hiver.
Dernier point : Karoo retranscrit le dégoût et la désillusion d'un auteur mûr face à l'Amérique, pourtant terre promise dans les années 50 au moment de l'installation de la famille Tesich (originaire de Serbie). Steve Tesich est décédé peu de temps après avoir achevé son écriture à la fin des 90s. J'ai d'ailleurs très envie de lire son seul autre roman, Price. L'une d'entre vous l'a-t-elle lu ?
Bonus : ce roman est empreint de mythologie grecque (coucou Oedipe) et de références aux textes fondateurs, notamment L'Odyssée d'Homère. De quoi plaire aux adeptes du genre :)
Et vous, quels romans avez-vous dévoré cet été ? Avez-vous lu Karoo de Steve Tesich ?