
C'est un des films indé du moment : le British Sean Ellis plonge ses spectateurs dans les méandres de Manille et de sa corruption le temps d'un film anxiogène et trouble qui prend aux tripes. Metro Manila est sorti le 17 juillet dans les salles et la critique l'encense... Alors, louanges méritées ? J'ai obtenu deux places via le Club Artistik Rezo pour me faire ma propre idée et la balance penche des deux côtés. En gros...

On va voir Metro Manila si :
♥ On aime les films à messages sociaux et politiques, proches des petites gens et de leurs ennuis au quotidien. Le réalisateur affirme avoir souhaité faire une histoire d'amour avant tout... Une histoire d'amour en tourment face à la misère alors, je ne vois que ça.
♥ On regarde avec plaisir des films d'armes et de gros bras, ambiance fourgons blindés et transport de fonds. Mais avec Vin Diesel et The Rock en moins, et c'est souvent pas plus mal.
♥ On veut découvrir de nouvelles têtes d'affiche comme Jake Macapagal et la sublime Althea Vega, pour qui il s'agit apparemment du premier film.
♥ On est en admiration (comme moi) devant le tagalog, la langue philippine, mélange d'anglais, d'espagnol et de mots typiquement philippins donc.
♥ On cherche un film qui fait réfléchir et qui trotte dans la tête pendant des heures, super ambiance au dîner garantie !

Mais on passe son tour si :
♠ On est adepte de films imprévisibles et plein de rebondissements. On sait dès les premières minutes (qui parlent de mort et le montrent en images) que la route des personnages va être semée d'embûches. Et même les passages "heureux" ne parviennent pas à détendre l'atmosphère car on sait pertinemment qu'il va y avoir un couac ensuite. Le héros, petit mec de la campagne qui ne connaît rien aux grandes villes, fait en sorte que tous ces ennuis soient prévisibles à vrai dire. Un peu cliché mais j'ai du coup trouvé la trame très angoissante.
♠ On a foi en l'humanité. Car une des morales pourrait franchement être qu'on ne peut compter sur personne (à part sur sa famille, et encore). Amis, rencontres, collègues : il y a toujours quelqu'un pour vous faire une crasse tant la vie est dure. Les scènes tournées dans le "bar dansant" sont très cruelles, je crois que ce sont celles qui m'ont le plus marquée.
♠ On aime les films aux cadrages très nets et niquels chrome. Sean Ellis et sa caméra à l'épaule n'en ont rien à faire et n'en montrent que mieux le fourmillement incessant de la ville. De quoi faire convulser un agoraphobe ou une victime du mal de mer mais certains plans sont vraiment sublimes (comme celui du parachute en soie à terre).
♠ On s'apprête à visiter Manille et les Philippines dans les prochaines semaines. Bien que les expats et touristes semblent y mener une très belle vie, le portrait n'est pas vraiment glorieux. Etrange quand on sait que le réalisateur a beaucoup aimé la ville : "vibrante", "chaude" et "pleine d'énergie", dit-il dans son interview du magazine Trois Couleurs de juillet. Mais pas qu'en bien, apparemment.
Je vous colle sa bande-annonce bien stressante :
En bref, j'ai bien aimé ce film qui montre le quotidien des locaux philippins, contraints de tout plaquer pour trouver une vie meilleure (ou pas). Mais la morale un peu simpliste et le côté anxiogène m'ont gênée : je me suis un peu détachée du film de peur d'angoisser et bim, je ne suis plus parvenue à entrer dans le film comme il fallait alors que mes voisins de sièges avaient l'air bouleversés... Metro Manila reste un film à voir cependant, et il a reçu le Prix du Public de Sundance.
Et vous, tentées par Metro Manila de Sean Ellis ? Quels sont vos films du moment au cinéma ?