Jade from Paris: Les rencontres parisiennes ♥

dimanche 17 novembre 2013

Les rencontres parisiennes ♥

Il y a quelques jours, vers 22 heures, j'ai eu la bonne idée de passer faire une course chez Monop'. Bonne idée car, en sortant du magasin, mon copain (qui m'attendait à l'extérieur) avait attiré l'attention d'un couple d'Australiens, complètement paumés dans Paris. Le courant est tellement passé entre nous quatre qu'après leur avoir prodigué quelques bons plans et idées de visite, nous nous sommes revus le lendemain pour partager quelques bières dans le quartier.

Board Pinterest "Animaux" de Prunelle Rouen


Taylor et Rudy ont 20 et 21 ans, ils vivent au bord de la mer en Australie. J'envie leur débrouillardise, ils se sont envolés pour l'Europe avec un petit circuit en tête. Paris est leur deuxième étape : ils étaient à Londres avant et ont prévu de filer dans le sud de la France ensuite, peu importe la ville tant qu'il y a des châteaux (Rudy est un grand fan de Game of Thrones). Leur périple se terminera début janvier, avec une dernière escale à Amsterdam

Outre le plaisir de pouvoir parler anglais, j'ai été étonnée de m'ouvrir aussi vite à des inconnus. Je plaisante souvent en disant que je suis asociale, mais c'est un peu plus compliqué que ça. Je suis quelqu'un de timide, qui a tendance à tout observer avant de pouvoir se sentir à l'aise, quitte à paraître froide au premier abord. Mon copain, lui, est tout le contraire : sa timidité passe par une décontraction et une jovialité surprenantes. C'est souvent lui qui discute avec mes interlocuteurs lorsqu'il m'accompagne, tout simplement parce qu'il me faut un peu de temps. Et c'est sûrement grâce à lui que j'ose être plus spontanée.

Ils se sont rencontrés il y a deux ans, par le biais d'une amie à un concert de hip-hop et ça a été le coup de foudre. Ils s'adorent et se chamaillent à la fois, et avouent volontiers que c'est dur, de voyager en tête-à-tête pendant plusieurs semaines. Qu'on est un peu leur Deus Ex Machina des disputes. Que leur expression "It was so good meeting you guys" exprime à la fois l'heureux hasard de notre rencontre mais aussi leur besoin de se confier à d'autres.

On a discuté de tout : du groupe Disclosure, des Catacombes et des cataphiles, du Moulin Rouge, des études qu'ils ont laissé tomber après le lycée et qu'ils vont reprendre à la rentrée prochaine. J'ai même appris un mot : "corny", qui est notre "guimauve" ou "nunuche" à nous. Ils nous ont parlé des problèmes de drogues que connaît l'Australie, des fusillades à la marseillaise qui touchent les banlieues de Sidney. Des aborigènes qui finissent presque tous par tomber dans l'alcool et la dope, de la peau blanche de la majorité des Australiens parce que le pays n'a accepté l'immigration que sur le tard. Moi qui imaginais cette île très relax, j'ai appris qu'au contraire les règles à respecter étaient plus strictes qu'ici, qu'il y a même toujours des toilettes pour hommes et pour femmes séparées dans les bars et restaurants parce que... c'est la loi. Comme pour les rassurer, on leur a à notre tour expliqué que la France avait quelques soucis elle aussi, à commencer par la montée en flèche de l'extrême-droite. Ils n'en revenaient pas qu'un pays aussi éclectique que le nôtre puisse connaître le racisme. Ni du fait que beaucoup de Parisiens, enfants et adultes, regardent d'un mauvais oeil les cheveux teints en bleu de Taylor.

Je ne sais pas où les amoureux se rendront prochainement : Bordeaux, Montpellier, Aix-en-Provence ? A Paris, ils nous auront croisés devant le Monop' de République, parce que c'est le seul magasin de proximité ouvert jusque tard dans la nuit. Taylor m'a expliqué qu'il cherchait leur appartement ce soir-là, et qu'un commerçant leur avait indiqué le mauvais chemin... jusqu'à ce qu'ils tombent sur mon chéri. "You know, I do believe in faith", m'a-t-elle dit. Et ça m'a un peu plus réchauffé le cœur.

Taylor and Rudy, if you're reading this : ♥☺