Je ne m'essaye pas souvent à la littérature classique. Ce n'est pas faute d'avoir découvert de super auteurs (comme Carlos Ruiz Zafon) mais que voulez-vous, les habitudes ont la vie dure ! A l'occasion de la rentrée littéraire, les éditions Gallimard m'ont proposé de recevoir une de leur parution phare à venir, et classique qui plus est : Plonger, de Christophe Ono-dit-Biot. Je me suis dit qu'un tel titre ne pouvait préserver qu'un beau séjour à la mer et ai embarqué le roman dans ma valise.

J'ai découvert le pitch en le recevant : un père se lance, pour son très jeune fils (Hector), dans le récit de la passion qui l'a uni à sa mère (Paz), pendant quelques années. Cette dernière a été retrouvée morte, nue, sur une plage à l'autre bout du monde, après les avoir abandonnés tout deux à Paris. Une histoire pleine de nostalgie et d'amertume, qui réservent des moments cruels et qui plaira aux adeptes de passions amoureuses tumultueuses.
Mais Plonger, ce n'est pas seulement ça : c'est aussi la vision d'un narrateur (César) un poil égocentrique sur l'actualité, sur le Monde, sur la culture ou encore son propre mariage... J'ai passé les vacances à raconter des anecdotes tirées du livre à mon copain, aussi bien sur les requins que sur la côte espagnole. Et ce roman plaira également aux :
- férus de journalisme : bingo, je suis en plein dans cette catégorie, tout comme le narrateur et l'auteur lui-même, Christophe Ono-dit-Biot étant journaliste au Point. Du coup, c'est super bien écrit mais c'est aussi très critique vis-à-vis du journalisme d'aujourd'hui. Folie du clic, course à l'info sans recul, dangers inconsidérés des correspondants à l'étranger... Le regard du narrateur est assez désabusé, pas spécialement encourageant pour ceux qui se lancent, avec en plus une image très bohème du rédacteur, qui se balade partout et quitte quand il le souhaite son open-space. Mais j'ai trouvé ça intéressant, notamment les passages sur les reportages en Thaïlande après le tsunami et le Hezbollah au Liban. Le roman flirte également avec des sujets d'actualités comme la crainte islamiste ou... les attaques de requins.
- globe-trotteurs : qui dit "requins" dit "plongée", et c'est au bout de quelques centaines de pages que le titre du livre prend tout son sens. De Montmartre aux Asturies (la région d'origine de Paz), on passe par Venise et l'Inde avant d'atterrir irrémédiablement aux alentours de Dubaï, près d'un spot de plongée sous-marine où la mort de cette femme s'est jouée. On y découvre les fonds de la Mer Rouge et surtout l'observation des squales, décidément au cœur de ce roman. Pro et anti s'y affrontent, à croire que l'homme est bel et un bien un requin-marteau pour l'homme. Enragé et féroce, comme dans notre imaginaire à tous. Passionnant.
- accros à l'art : rien de bien surprenant puisque Paz est photographe, et c'est cette discipline qui permettra aux deux tourtereaux de faire connaissance. L'art et l'artiste sont un des piliers du roman, que ce dernier soit inspiré ou au contraire en crise existentielle. Christophe Ono-Dit-Biot n'hésite d'ailleurs pas à balancer des noms connus et reconnus (Martin Parr, Adel Abdessemed...) et nous emmène jusqu'à la Biennale de Venise et son atmosphère si particulière. Le Louvre non plus n'est pas en reste, photo de sculpture à l'appui aussi étrange que cela puisse paraître. Sauf que les lecteurs hermétiques à l'art contemporain risquent de s'ennuyer sec.
D'aucuns diront que Plonger semble être un méli-mélo de multiples sujets. C'est tout à fait vrai : c'est comme si le récit avait 1000 inspirations et que l'auteur avait voulu tout compiler, donnant à César un côté un poil narcissique de mec qui a tout vu, tout vécu. Mais hormis ce point, j'ai dévoré le roman en quelques jours entre baignades et apéros. Je crois que ma partie préférée est largement la dernière en Orient, entre requins et mystères autour de la mort de Paz.
Vous trouverez plus d'infos sur le livre ici, en espérant vous avoir donné envie de vous y... plonger (oh oh oh). Il sort aujourd'hui !
Avez-vous déjà lu des romans de Christophe Ono-dit-Biot ? Cette nouveauté vous tente-t-elle ? Avez-vous repéré d'autres livres de cette rentrée littéraire ?