Jade from Paris: Detachment, la claque ciné du début d'année

dimanche 8 janvier 2012

Detachment, la claque ciné du début d'année


J'ai assisté il y a peu à la projection du nouveau film de Tony Kaye, réalisateur du très connu American History X. Adrien Brody est au centre de Detachment, long-métrage sur l'éducation scolaire, civile, parentale mais pas que. Je préfère vous prévenir de suite: le film est assez rude, non pas à cause d'images violentes mais de l'atmosphère qui s'en dégage. J'ai chouiné à plusieurs reprises et j'en suis ressortie le cerveau un peu à plat et avec moins de joie de vivre. Mais c'est quelque chose à voir dans les salles obscures dès le mois de février, vraiment.


Henry est professeur remplaçant de littérature anglophone. Le film le suit lors d'une mission dans un lycée difficile de banlieue américaine parmi tant d'autres, où l'on découvre ses élèves, ses collègues et la vie de ce mystérieux personnage principal. Si les conditions borderline dans lesquelles ils travaillent tous sont dépeintes (plus dues à la mauvaise volonté humaine qu'aux moyens financiers, soit dit en passant), Tony Kaye s'est surtout penché sur la propension humaine à cacher ses sentiments véritables, quitte à se voiler la face, jusqu'au jour où tout explose. Jusqu'où l'être humain peut-il éluder des secrets trop lourds ou une souffrance de tous les jours ? Comment même parvient-il à le faire ?


Henry, lui, a choisi d'aider les autres pour oublier. Membres de sa famille, orphelins, élèves persécutés, collègues en pleine dépression: tout le monde y passe, jusqu'au jour où sa propre histoire personnelle refait surface et que l'égoïsme reprend le dessus. Ou comment mentir aux autres et se mentir à soi-même jusqu'à l'implosion, et continuer toujours un peu...


Attention, INSTANT SPOILER pour ceux qui l'ont déjà vu: je suis persuadée qu'Henry ne dit pas toute la vérité au sujet des relations entre sa mère et son grand-père. Il dit se douter de quelque chose, mais qu'en est-il de la cassette estampillée "For Henry ♥" qui revient plusieurs fois à l'écran. Oui j'ai beaucoup réfléchi à l'issue du film, notamment sur ses non-dits (comme le résultat du test VIH d'Erica). INSTANT SPOILER TERMINE.


Bref, le film est une très intéressante introspection de l'âme humaine selon moi. J'ai cru avoir à faire à quelque chose très démago dès les premières minutes mais le ton d'Adrian Brody s'explique au fur et à mesure. Certains, à l'issue de la projection, ont critiqué la multitude de thèmes abordés en seulement 1h35 (l'éducation, la famille, la reconnaissance, le pardon, le suicide...) mais j'y vois quelque chose de très logique: personne ne peut sur le long terme dissocier carrière professionnelle et vie personnelle. On se doute d'ailleurs qu'Henry a choisi la voie de l'enseignement par rapport aux évènements survenus lorsqu'il était plus jeune, preuve que tout est inconsciemment lié. Ajoutez à cela une ribambelle de bons acteurs (Lucy Liu, Bryan Cranston, Tim Blake Nelson, Sami Gayle...) et une belle B.O, et vous obtenez un film très poignant. Je vous le conseille vraiment (au cas où vous ne l'auriez pas encore compris) et j'espère qu'il ne passera pas inaperçu à sa sortie le 1er février.



PS: mon copain a beaucoup aimé le film lui aussi alors qu'il est quand même très difficile. Et pas uniquement parce que Christina Hendricks, la rousse au gros lolos de Madmen, y joue un rôle.


Et vous, avez-vous entendu parler de Detachment ? Pensez-vous aller le voir dans les salles ?