
Je la connais depuis la maternelle. Meilleures amies un jour, très bonnes ennemies ensuite, le lien n'a jamais vraiment été rétabli, malgré de jolis moments passés ensemble. Mais pas lorsqu'elle m'a piqué mon copain au collège, non, ou qu'elle se plaisait à me rabaisser devant la gent masculine, pour se mettre en avant. Aujourd'hui, les kilos dûs à ses excès de malbouffe il y a quelques années ont ravagé sa silhouette, à elle qui n'hésitait pas à critiquer le derrière rebondi de mes 14 ans. Nous avons arrêté de nous fréquenter au lycée: marre de ces réflections, découverte de personnes bien plus intéressantes et moins mégalomanes, la liberté, l'impression de ne plus être cette enfant de 5 ans qui se faisait gouverner par une blondasse dans la cour de récréation. Je l'ai revue il y a quelques jours, mais ce n'était pas vraiment la première fois. Entourée de ses nouvelles amies, la mine renfrognée en effritant son shit (my god) et l'air dédaigneux en essayant tant bien que mal de rouler un joint un peu après, le collant de sa longue feuille OCB du mauvais côté. Rappel de ces années étranges où elle n'osait pas toucher à mes cigarettes de peur que son père la renifle, elle qui me hèle désormais en ajoutant que sa résine, c'est de la bonne. Souvenir d'un e-mail qu'elle m'avait envoyé l'an dernier, pour qu'on redevienne complices "comme avant", puis son maquillage dégoulinant qu'elle n'a jamais vraiment réussi à appliquer, en face de moi. Toutes les raisons pour lesquelles j'ai pris mes distances d'une égocentrique meilleure que moi en tout, selon elle, défilent dans ma tête. Et je me dis que ça fait toujours beaucoup de bien d'avoir des cons en moins dans sa liste d'amis.